Le retour du loup en France : une chance pour toute la biodiversité

Fiche d’identité du loup

  • Loup gris {Canis lupus}
  • Famille : Canidés
  • Genre : Canis
  • Longévité : de 8 et 12 ans.
  • Taille au garrot : de 65 à 81 cm.
  • Longueur (du museau à la queue) : de 110 à 150 cm.
  • Poids : de 25 à 40 kg (mâle) et de 18 à 30 kg (femelle)
  • Période de reproduction : février-mars.
  • Estimation de la population en France : plus de 500
  • Superficie du territoire d’un meute : peut aller jusqu’à 400 km2.
  • Statut de conservation : Vulnérable en France selon l’UICN.
  • Statut juridique : Espèce protégée dans toute l’Europe.

L’histoire des rapports entre les loups et les hommes oscille entre vénération et hostilité. Tantôt animal totémique, tantôt allégorie du diable, le loup a toujours suscité les passions.

Tout comme les ours polaires dont l’image est employée pour évoquer le changement climatique, les loups sont l’emblème du ré-ensauvagement, d’une nature qui, bien que mal menée, semble retrouver des forces.

Le retour naturel de ces grands prédateurs en France n’est pas passé inaperçu, autant pour ses partisans que pour ses détracteurs. Sujet passionnel s’il en est, le loup fait souvent la « une » des médias. Aujourd’hui, la population est estimée à moins de 600 individus – un nombre bien trop faible pour garantir la survie de l’espèce sur le long terme. La protection des loups en France est donc toujours d’actualité.

Les facteurs du retour naturel du loup en France

Pendant plus de 30 années, la France a connu ses paysages sans loups. Grâce à une petite population provenant d’Italie, ils ont regagné progressivement la France par les Alpes à partir de la fin des années 1980. Il faut toutefois attendre novembre 1992 avant d’enregistrer une première observation officielle, dans le Parc national du Mercantour.

Les principaux facteurs qui ont permis aux loups de réinvestir les territoires d’où ils avaient été chassés, sont principalement leur protection légale, la déprise agricole amenant une augmentation de la superficie des boisements, la reforestation et les lâchers de gibiers pour la chasse.

La capacité de dispersion des loups est telle qu’en l’espace d’une trentaine d’années, ils ont pu reconquérir un territoire allant des Pyrénées à la Lorraine en passant par la région Auvergne-Rhône-Alpes et la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. En 2019, selon le dernier rapport de l’ONCFS, leur présence régulière est confirmée sur plus de 38 000 km² et ils fréquentent de manière occasionnelle 26 000 km² du territoire. Ces grands prédateurs gagnent du terrain, mais cela n’est pas sans se confronter aux vindictes de plus en plus pesantes des anti-loups.

Le loup, indicateur d’une bonne santé écologique

Par leur prédation, les loups jouent un rôle sanitaire et régulent la faune en privilégiant les animaux les plus faibles. Ils sont le garant d’un bon équilibre entre les populations sauvages d’ongulés et leur milieu.

La présence des loups génère chez les ongulés davantage de vigilance et entraîne une plus grande dispersion, ce qui a pour avantage de limiter les concentrations de populations sur un lieu donné, facilitant ainsi la régénération naturelle des forêts.

Un devoir de protection discuté

Le loup est protégé par la Convention de Berne (1979), transcrite dans le droit français en 1989. L’espèce est « strictement protégée » et possède le « droit d’exister à l’état sauvage ». Il est précisé par ailleurs que sa « disparition entraîne une altération inadmissible à l’équilibre écologique ». (lien texte juridique sur site). La protection du loup a été renouvelée avec l’arrêté ministériel du 22 juillet 1993, mis à jour le 23 avril 2007. Le loup est également inscrit au titre d’espèce prioritaire dans les annexes II et IV de la directive Habitats Faune Flore de l’Union européenne (92/43/CEE). (lien texte juridique sur site)

L’arrêté du 7 juin 2010 prévoit cependant d’accorder des dérogations aux préfets sous certaines conditions. Avec la présence des loups s’opposent en effet le patrimoine immatériel, avec notamment l’élevage, et le patrimoine naturel. Chaque année, un nombre de loups pouvant être tués est plafonné par l’État français. Ce dernier est passé de quarante-trois loups – plafond fixé par l’État le 21 décembre 2018 – à une centaine de loups le 12 juillet 2019. L’année 2020 risque d’être similaire.

Un retour mal accepté par certains…

Les loups ne doivent pas être sacrifiés pour assouvir la haine et les intérêts de quelques-uns.

Ces grands prédateurs sont notamment mal perçus par une partie du monde agricole. Oui, les loups peuvent s’en prendre aux moutons, qui courent nettement moins vite qu’un cerf ou un chevreuil.

Mais la cohabitation est possible. Il existe de nombreuses mesures de protection des troupeaux prises en charge par l’État. Ces aides ne peuvent pourtant pas remplacer une véritable surveillance. Ce retour implique une préoccupation nouvelle pour les éleveurs qui ont souvent appris leur métier dans une France dépourvue de loups.

Depuis peu, certains chasseurs aussi montent au créneau : les loups « voleraient » leur gibier ! En oubliant (ou faisant mine d’oublier) cette différence fondamentale : les loups chassent pour survivre, les chasseurs pour s’amuser. Si on lui laisse la place, le loup « fait le boulot » des chasseurs. Il est donc considéré par ces derniers comme un « concurrent ».

À l’ASPAS nous pensons que la cohabitation peut fonctionner, mais il faut pour cela que les éleveurs réadaptent leurs pratiques et que l’image des loups soit réhabilitée dans les consciences collectives.

… et inespéré pour d’autres 

Pour l’ASPAS et de nombreuses autres associations de protection de la nature, l’arrivée du loup incarne l’espoir d’un retour plus global des dynamiques du vivant.

Dès leurs premiers pas sur le sol français, l’ASPAS s’est occupée de ce dossier. L’histoire de notre association pourrait se faire au regard de celle des loups. C’est en partie grâce à nos actions que le loup a pu devenir une espèce protégée en France. Outre nos campagnes de sensibilisation pour la réhabilitation du loup, l’ASPAS a fait annuler de nombreux arrêtés de tirs et sauvé de nombreuses vies.

Et, puisque l’union fait la force, l’ASPAS s’est activement engagée au sein de CAP Loup, un collectif créé en 2014 qui regroupe plus de 40 associations.