La vérité sur les sangliers

27/01/2020

Alors qu’ils sont largement responsables de la surpopulation des sangliers en France, même si d’autres facteurs entrent aussi en jeu (changement climatique) les chasseurs font pression sur le gouvernement pour obtenir le droit de… tuer encore plus de sangliers, plus longtemps ! Avouez que c’est fort de café… En général, quand un enfant fait une bêtise, on ne le félicite pas avec une friandise !

Pourtant, le gouvernement vient céder à leur lobby, en publiant un décret qui prolonge la période de chasse des sangliers jusqu’au 31 mars, au lieu du 28 février. Avec l’ouverture anticipée de la chasse le 1er juin, ces ongulés sont donc désormais inquiétés par les balles 10 mois sur 12…

Aux premiers jours du printemps, période ô combien fragile pour la reproduction de la faune, la verdure du renouveau sera donc partout teintée d’orange fluo, et les champs et bois de nos campagnes partout occupés par des gens armés comme à la guerre, munitions gros calibre à la taille, le tout dans un fracas de cris, de cors et d’aboiements de chiens enragés…

© Bernard Alliez

Sangliers : une gestion catastrophique

Enlevez le gibier au chasseur, il n’a plus rien à chasser. L’abondance de sangliers est bel et bien une manne pour l’activité cynégétique, mais le problème de fond est que nos chers « 1ers écolos de France » sont complètement dépassés par une situation devenue ingérable avec les fusils.

Partout la chasse des sangliers s’accentue… partout (ou presque) leur population continue d’augmenter. Il est vrai qu’il y a d’autres facteurs qui contribuent partiellement à leur explosion démographique, comme la déprise agricole ou le changement climatique, et aussi, bien sûr, une trop faible quantité de grands prédateurs en France (ours, lynx, loups). Ce qui arrange aussi bien sûr les chasseurs, qui ont bien du mal à accepter cette concurrence naturelle…

Mais pour comprendre la situation actuelle, il est nécessaire de rappeler quelques faits embarrassants que les chasseurs se gardent bien de crier sur tous les toits :

  • Sangliers élevés dans un parc en France © ASPAS

    Entre les années 70 et 90, les chasseurs ont financé de grands élevages de sangliers pour en faire de futurs trophées

  • Des croisements ont été opérés entre des sangliers pure race et des porcs domestiques, afin d’obtenir des animaux moins agressifs et plus faciles à tirer
  • Des lâchers massifs de ces « cochongliers » ont eu lieu un peu partout en France. Or ces « cochongliers » se reproduisent plus vite et plus souvent que leurs cousins sauvages…
  • Les chasseurs épargnent souvent les laies reproductrices pour s’assurer d’avoir toujours « du sanglier » à tirer
  • Aujourd’hui, il y a davantage de cochons hybrides que de sangliers pure race en France
  • Les chasseurs nourrissent les sangliers artificiellement (abreuvoirs, agrainage…) pour entretenir les populations
  • Aujourd’hui encore, des sangliers sont élevés pour être relâchés dans des parcs et enclos de chasse privés. Des animaux s’échappent régulièrement de ces lieux, en raison d’un mauvais entretien des clôtures…
  • L’importation de sangliers de l’étranger en France pour les parcs et enclos est toujours légale en France (> lire notre enquête). Ces importations peuvent poser de graves problèmes sanitaires (ex : la découverte de sangliers atteints de tuberculose à Mycobacterium bovis, dans un parc marnais en 2012). En Sologne, la chasse aux sangliers se pratique toute l’année dans les grandes propriétés privées en-grillagées (> lire notre article)
  • Les élevages et lâchers de sangliers clandestins existent toujours (exemple ici)
  • La crise de la peste porcine, qui affecte les régions frontalières avec la Belgique, a été déclenchée par une importation illégale de sangliers infectés, par des chasseurs belges en septembre 2018 (> lire notre article)