Dites « NON » à l’abattage des bouquetins du Bargy !

28/02/2022

Malgré un avis négatif des scientifiques du CNPN, la préfecture de Haute-Savoie veut autoriser de nouveaux abattages de bouquetins dans le Massif du Bargy, des animaux sauvages pourtant protégés par la loi. Nous avons jusqu’au 7 mars pour manifester notre opposition !

Depuis 2012, les bouquetins du massif du Bargy font l’objet d’un véritable acharnement de la part des préfets successifs de Haute-Savoie, en raison de la maladie que cette population est suspectée de véhiculer, la brucellose. Cette zoonose est transmissible aux cheptels domestiques que côtoient parfois les bouquetins dans les alpages, ce qui explique que les lobbies agricoles sont vent debout pour que le préfet agisse, au détriment de la faune sauvage, fusse-t-elle protégée.

Depuis le début de cette saga mortifère, l’ASPAS se mobilise avec d’autres associations contre ces abattages à répétition.  

Aujourd’hui, suite à la contamination d’une vache détectée en novembre 2021, les bouquetins du Bargy se trouvent à nouveau dans le collimateur de la préfecture, malgré un avis défavorable à l’unanimité des membres du Conseil national de la protection de la nature (CNPN) téléchargeable ici. 

Un projet d’arrêté prévoyant un abattage massif des bouquetins est soumis à la consultation du publicPour participer, écrivez à ddt-consultations-publiques@haute-savoie.gouv.fr avant le 7 mars ! 

Attention : vos réponses doivent être individuelles, et si vous habitez la Haute-Savoie, précisez-le !

Quelques arguments pour vous aider :

L’ASPAS s’oppose à ce projet d’arrêté dès lors qu’il autorise de nouveaux abattages de bouquetins réalisés sans test préalable, soit sur des animaux potentiellement sains. Pour rappel, depuis 2012, sur une population estimée à environ 700 individus, au moins 482 bouquetins ont été éliminés, dont 134 par euthanasie après capture et 348 par abattage indiscriminé. Une proportion très importante d’animaux sains a donc déjà été abattue dans le cadre de la lutte organisée par la préfecture de Haute-Savoie contre la brucellose, ce qui est proprement scandaleux quand on sait que des méthodes alternatives moins invasives auraient pu être utilisées.  

De plus, les abattages présentent une ampleur injustifiée puisqu’ils portent sur 170 individus en 2022. Et les animaux sont loin d’être tranquilles : dès 2023, il est prévu l’abattage de nouveaux animaux non testés et non marqués, soit, encore une fois, des animaux potentiellement sains. Selon le CNPN, « abattre 170 individus non marqués signifie que l’on va abattre en zone périphérique essentiellement des animaux sains, et en zone cœur, 90 % d’animaux sains ».  

Ces abattages supplémentaires sont évitables et fondés sur des éléments erronés. Ainsi, le CNPN a fondé son avis sur plusieurs éléments :  

  • Selon le rapport de l’ANSES, au regard de la diminution drastique de la maladie au sein de la population de bouquetins (taux de prévalence estimé à 4% dans le cœur du massif, divisé par 10 en 5 ans, et estimé proche de zéro en zones périphériques), il est possible d’espérer une extinction spontanée du foyer d’infection dans la population des bouquetins du Bargy.
  • On ne connaît toujours pas le mode de transmission de la maladie aux cheptels domestiques. En effet, il semble que la contamination ne résulte pas d’un contact direct entre bouquetins et bovins, et il conviendrait de mettre l’effort sur l’identification de ce vecteur de contamination afin d’agir sur la véritable cause.
  • La solution passera par une évaluation des mesures alternatives en matière de conduite des troupeaux afin d’augmenter les mesures de biosécurité. Cette demande, pourtant formulée par les associations et les différents acteurs depuis la détection du foyer de la maladie il y a 10 ans, n’a jamais fait l’objet d’une mise en œuvre sérieuse et contraignante par la préfecture. Face au lobby agricole, la modification des pratiques agricoles reste inimaginable.
  • Il est possible de concentrer les abattages sur certains secteurs davantage concernés par la maladie, ce qui permettrait de réduire le risque d’abattre des animaux sains.
  • L’ANSES souligne que « la probabilité d’avoir un succès d’assainissement avec cette mesure est inférieure à une chance sur deux ». 
  • Ces mesures présentent un risque de déstructuration de la population globale de bouquetins du secteur, avec la possibilité de contacts entre des groupes jusqu’alors cloisonnés et un risque de déplacements d’individus sains provenant des massifs voisins et qui viendraient se contaminer.
  • Le projet d’arrêté prévoit le transport de tous les animaux abattus au laboratoire pour analyses, ce qui est irréalisable en pratique. Des données essentielles pour comprendre l’infection et ses mécanismes, et donc répondre au mieux au risque épidémiologique, seront donc inévitablement perdues, à l’instar des informations non récoltées lors des premiers abattages massifs en 2013 et 2015.

Le CNPN conclut donc à un avis défavorable considérant que « l’agglomération dans cette proposition de deux des stratégies évaluées par l’ANSES, apporte des projections insuffisamment fondées pour justifier une dérogation de cette ampleur, voire contre-productives et risquées ».  

Comme le souligne le CNPN dans son avis du 27 janvier 2022, « la biodiversité ne doit pas constituer la variable d’ajustement pour apaiser les conflits ». Aussi, l’ASPAS vous invite à participer massivement à cette consultation pour montrer le souhait de changer de paradigme dans notre rapport à la faune sauvage !  

Si vous habitez dans la région ou le département, pensez à le préciser. Et n’oubliez pas que les messages posés et sans injure seront les plus efficaces pour sauver ces animaux.  

Merci de votre participation !