Peut-on utiliser des toxiques pour détruire « nuisibles » et autres rongeurs ?

02/07/2018

Chloralose contre les corbeaux, chloropicrine pour exterminer renards et blaireaux, bromadiolone pour trucider les ragondins… Des poisons tous plus dangereux les uns que les autres ont largement été utilisés en France. Devant les ravages qu’ils occasionnent sur l’environnement, l’utilisation de ces toxiques sur la faune sauvage est désormais interdite, enfin presque…

L’utilisation des toxiques pour la chasse est interdite par un arrêté du 1er aout 1986. Pour les espèces dites « nuisibles » (renards, fouines, martres, corbeaux freux, pies bavardes, pigeons ramiers, chiens viverrins,…), l’interdiction formelle ne date que de 2012. Avant cette date, l’utilisation des toxiques pour ces espèces était encadrée par arrêté ministériel.

Cependant, cela ne signifie pas que tous les toxiques sont interdits à la vente. En effet, sous certaines conditions, les petits rongeurs considérés comme des « organismes nuisibles » (1) peuvent toujours être empoisonnés. Ainsi, rats, souris, mulots, taupes et autres campagnols peuvent être détruits par des produits biocides (2) (rodenticides), avec les conséquences indirectes que l’on connaît sur les espèces – sauvages et domestiques – prédatrices ou charognardes de ces petits rongeurs. La bromadiolone, puissant anticoagulant, est ainsi toujours utilisée pour la destruction des campagnols…

En 2014, l’encadrement de son utilisation a été renforcé (3). À noter que toute destruction de renards, fouines, martres, belettes et putois doit être suspendue dans les zones où une lutte chimique est organisée contre les surpopulations de campagnols (4). Ils ne seront donc plus piégés, mais pourront s’empoisonner à loisir en consommant les cadavres ou les campagnols affaiblis par le poison…

1 – Arrêté du 31 juillet 2000 NOR: AGRG0001599A.
2 – Registre des biocides autorisés : www.anses.fr/fr/decisions_biocide
3 – Arrêté du 14 mai 2014 NOR: AGRG1300885A
4 – Arrêté du 30 juin 2015 NOR : DEVL1515501A