L’ASPAS envoie un courrier à Delphine Batho pour le futur plan loup

21/12/2012

« Nous n’avons pas été invités, mais nous parlons quand même ! »

La France a décidé d’éradiquer ses loups, pourtant espèce protégée, sans oser l’avouer. Le « plan d’action national sur le loup 2008-2012 » s’est fait sans ses principaux défenseurs, mais avec ses opposants. Aussi l’ASPAS, très en pointe sur le dossier, s’est-elle invitée dans le débat en envoyant, le 21 décembre, un courrier à la ministre de l’Écologie pour lui rappeler quelques évidences.

 Christophe Castaner, président du Comité National Loup déclarait dés octobre 2012 « Le nouveau Plan loup devra donc s’inscrire dans une phase de gestion et de régulation » (1). Cela, avant même la première réunion de ce comité ! Face à cette prise de pouvoir des anti-loups, l’ASPAS, « oubliée » par le ministère, remet donc les pendules à l’heure :

 Dégâts imputés au loup : En les amalgamant à ceux des chiens divagants, le système actuel majore de façon très importante la responsabilité du loup dans les attaques de troupeaux. Il permet aux éleveurs d’être indemnisés, même si la responsabilité du loup ne peut être démontrée,  et fait « gonfler » artificiellement la liste des dégâts qui lui sont reprochés. Aussi, il nous paraît indispensable que soient différenciés les « dommages indemnisables » et les « dommages dus au loup », et que seuls ces derniers soient pris en compte dans le critère « dommages importants » du plan loup.

Autorisations de tirs : Si les pouvoirs publics s’entêtent dans leur volonté d’autoriser des tirs de loups, ceux-ci devraient être conditionnés à la seule défense de troupeaux réellement protégés. Il est inadmissible que des tirs de « défense » ou de « prélèvement » puissent, comme c’est le cas actuellement, être délivrés pour des troupeaux très mal protégés. 

Protection des troupeaux : L’ASPAS demande que la notion de « troupeau protégé », laissée jusqu’à maintenant à la libre appréciation des préfets, soit clairement définie, comme cela est pourtant prévu par l’arrêté OPEDER (2).

Maintien des populations de loups : L’ASPAS demande que les tirs ne soient pas autorisés dans les zones de colonisation où, par définition, les moyens de protection n’ont pas pu être mis efficacement en place. Ce qui revient à éradiquer le loup avant même son installation ! Et donc avant d’éventuels « dommages importants »… Ce qui est pourtant le cas en Ardèche, Lozère, Aveyron, Vosges, etc…

Malhonnêteté du mot « gestion » : L’ASPAS demande que ces « mesures de gestion » ne permettent pas l’actuelle inflation d’arrêtés préfectoraux de tirs de loup (pour 2012 nous avons recensé 139 autorisations de tirs de défense et 9 de tirs de prélèvement. Cela pour, officiellement, 250 loups seulement !). Et que cette « gestion » promise aux syndicats agricoles par Christophe Castaner cesse de camoufler une vaste opération d’éradication du loup, capable, en une seule saison, d’anéantir la population française de loups.

Protection de la biodiversité : L’ASPAS en appelle à un peu plus de sens des responsabilités de la part des pouvoirs publics et des élus de montagne, et à beaucoup moins de démagogie. La France s’est engagée, auprès des autres États européens dans la protection des grands prédateurs, éléments indispensables à la bonne santé de nos écosystèmes. Les gesticulations politiques anti-loups n’apporteront rien de bon ni à la protection de la nature, ni au maintien d’un élevage ovin de qualité. La seule voie possible et durable est celle de la cohabitation. Nos voisins européens l’ont compris et mis en œuvre depuis longtemps. Pour la France, il est grand temps.

Télécharger le courrier envoyé à Delphine Batho

(1) La Provence, 17 octobre 2012
(2) Arrêté du 12 février 2008