Lynx : un PNA qui manque d’ambition

20/10/2021

Jusqu’au 27 octobre 2021, le public est invité à se prononcer sur le nouveau Plan national d’actions pour la sauvegarde du Lynx boréal (2022-2026). Malgré de bonnes intentions, les moyens alloués sont clairement insuffisants au regard de la capacité d’accueil des lynx dans nos grands massifs. Pour des écosystèmes riches et équilibrés, limitons la chasse loisir, laissons respirer les grands prédateurs !  

La France dispose de massifs susceptibles d’héberger de belles populations de lynx boréal (Vosges, Jura, Alpes et Massif central). Dans toutes ces montagnes, le retour de la forêt, et d’une façon plus générale le réensauvagement, sont en cours avec la progression des effectifs d’ongulés. Rappelons qu’il y a plus de lynx en Suisse (population est estimée à plus de 250 individus) que sur l’entièreté du territoire français !

Malheureusement, en France, les deux proies principales du lynx sont soumises à une régulation cynégétique excessive (chevreuils) voire inutile (chamois). Il conviendrait de laisser se développer davantage les populations de chevreuils et de protéger celles de chamois, pour favoriser le renforcement des populations du prédateur.

Un autre problème qui reste à résoudre, notamment dans les Alpes, est la libre circulation à grande échelle. Comme l’ont parfaitement réalisé nos voisins allemands dans le Palatinat, en France des réintroductions devraient être envisagées dans les Alpes du Sud et le Massif central. En ajoutant cette mesure au PNA, on pourrait ainsi avoir à terme une meilleure couverture nationale et des populations fortes qui garantiraient la pérennité de la présence de l’espèce. 

L’acceptation des grands prédateurs par les populations locales est naturellement une des clés du succès de toute politique de réensauvagement, et l’ASPAS reconnaît les efforts proposés par le PNA pour améliorer les conditions de coexistence entre le lynx et l’humain. Mais l’exemple allemand démontre qu’il est possible d’agir pour la biodiversité sans se coucher devant les lobbies de la chasse et de l’élevage. Favoriser le retour naturel des lynx comme le propose le PNA, n’est pas suffisant pour assurer la pérennité de l’espèce.  Contrairement au loup, le grand félidé met beaucoup plus de temps à reconquérir de nouveaux espaces : seules des réintroductions permettraient de rétablir le lynx dans un état de conservation favorable en France.

Réduire le braconnage en formant les chasseurs à la connaissance des lynx, voilà une autre idée toute louable, prévue par ce PNA. Sauf que… l’encadrement de ces formations sera confié à la Fédération Nationale des Chasseurs ! Étant donné l’aversion des chasseurs pour l’ensemble des prédateurs petits comme grands, considérés par nos chers « premiers écolos » comme d’injustes concurrents, il y a de quoi être sceptique.

Par ailleurs, les moyens financiers prévus pour lutter contre la destruction illégale du lynx restent très insuffisants et le remplacement des animaux détruits illégalement est une nécessité qui doit être envisagée dès la mise en œuvre de ce plan. 

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